Grand Prix au dernier Festival de Cannes, « Valeur sentimentale » du norvégien Joaquim Trier, connu pour « Oslo, 31 août » (2011) et « Julie en 12 chapitres » (2021) constitue un chef d’œuvre cinématographique absolu, débarrassé de tous les ingrédients habituels au cinéma, ni violence, ni sexe, ni bons, ni méchants.
Le réalisateur nous transporte au sein d’une famille à
l’histoire complexe, entre suicide et torture par les nazis. Et cette histoire
transparaît inévitablement sur les descendants. Le père, cinéaste de renom,
deux filles dont l’une, Nora, est actrice de théâtre, l’autre mariée, un
enfant. Trois personnages remarquablement interprétées, forment un trio dont
les liens s’entrecroisent dans une spirale émotionnellement forte.
Joaquim Trier met à nu les relations entre un père et une
fille, le premier ayant quitté le foyer conjugal laissant les filles seules avec
leur mère. S’il souhaite renouer avec Nora, l’aîné, sans doute afin de réaliser
ce qui sera son dernier film et lui faire interpréter quasiment son propre
rôle, Nora le repousse, tout à son travail théâtral, et ne lui pardonnant pas
sa fuite.
Quant au rôle de Nora, particulièrement difficile tant les
émotions peuvent la submerger, il est interprété par Renate Reinsve dont on avait dit tout le bien dans « la Convocation » sorti en mars
dernier, et Caméra d’Or à Cannes en
2014, rappelant le Prix d’interprétation féminine en 2021 à Cannes pour « Julie ». Décidément, partout où Renate Reinsve passe, les prix
pleuvent ! Sans oublier l’immense Stellan
Skarsgård dans le rôle du père.
Au final, Joaquim Trier réalise une très jolie ellipse, le
spectateur découvrant le tournage d’une scène, le père derrière la caméra, sa
fille et son petit-fils sur le plateau. Le rêve paternel s’est matérialisé. On
s’en doutait un peu !
Mais film interdit de Palme d’or, n’étant pas un film grand
public. Dommage, il le valait bien, nonobstant celui de Jafar Panahi que l’on
découvrira bientôt sur les écrans.