Kleber Mendonça Filho est décidément, un des meilleurs cinéastes de sa génération. Avec « l’Agent secret » qui vient de sortir sur les écrans, il avait raflé au dernier Festival de Cannes, le prix de la Mise en scène ainsi que celui du meilleur acteur avec son complice dans le film, Wagner Moura (quoique là, j’ai quelques doutes sur ce dernier prix, même si l’acteur brésilien est le personnage central du film, il marque, mais n’éblouit pas par sa présence).
De nos jours, deux jeunes femmes explorent des archives
sonores afin de découvrir la vérité sur un massacre qui eut lieu en 1977, à
Recife dans le Nordeste brésilien, une des contrées les plus pauvres du pays,
et qui coûta la vie à un ingénieur qui s’apprêtait à quitter son pays pour une
université étrangère. Rembobinage.
Le coup d’état militaire au Brésil en 1964 instaura une
dictature jusqu’en 1985. Un gros industriel qui a voulu mettre la main sur une
entreprise publique de pointe, paie deux tueurs afin d’éliminer cet ingénieur
qui se fait appeler Marcello, réfugié dans la famille de son épouse, alors
décédée, où son fils est élevé par son grand-père. Les deux tueurs chargeront
un troisième de la sale besogne. Mais ces pieds-nickelés provoqueront un bain
de sang final, Marcello étant exécuté par on ne sait qui, un tueur ou la
police. Les deux jeunes femmes remettront au final l’ensemble des archives au
fils de l’ingénieur devenu lui-même médecin.
Mendonça Filho
nous fait pénétrer dans cet état de Pernambouc, au travers d’un carnaval d’où
la police recensera près d’une centaine de morts, un cinéma de quartier où l’on
projette « les dents de la mer », une histoire d’une jambe humaine
retrouvée en travers de la mâchoire d’un requin, et vers la fin, un conte ou
légende fantastique, je ne sais trop, où la jambe en question vient balancer
maints coups de pied sur une place où le sexe est omniprésent. Presque une
visite touristique de cette région, si ce n’étaient la corruption, le meurtre,
la violence sous toutes ses formes, qui s’étalent ostensiblement à l’image,
avec en filigrane, le sort des réfugiés accueillis dans cette famille, un
couple d’angolais, Marcello lui-même, ainsi qu’une autre femme : le drame
des réfugiés, celles et ceux qui pour des raisons diverses doivent quitter leur
pays.
Sans oublier cet autre thème développé en parallèle, celui
des origines, Marcello recherchant sa mère inconnue dans les archives
communales, et les retrouvailles avec son fils qu’il a peu connu, on ne saura
d’ailleurs guère pourquoi. Il y a des trous dans la vie de Marcello. D’où
peut-être le titre du film.
Deux heures quarante plus tard, on ressort ébloui par le
soleil, la musique brésilienne et tous ces gens au grand cœur, malgré la
dictature.











