vendredi 20 décembre 2019

Une lumineuse Pastorale à Chaillot

Thierry Malandain, et son Ballet Biarritz, présentent « la Pastorale » à Chaillot avant de partir à Bonn qui en a passé commande, en cette fin décembre.

Des places vides lors de cette dernière, qui s’expliquent par les difficultés de déplacement, et aussi parce que le ballet a été diffusé la veille au soir sur une chaîne télé en direct. Alors, quand on vient de la province, on joue la débrouille.

Peut-être le titre de l’œuvre chorégraphique est-il trompeur, en ce sens où la première partie de l’œuvre est accompagnée par « les Ruines d’Athènes », ou du moins des extraits, composées en 1811 par Beethoven, et dont la Première fut jouée l’année suivante en Hongrie, donc postérieurement à sa Symphonie n°6, dite « la Pastorale », composée de 1805 à 1808, soit en pleine gloire napoléonienne, et qui sert la seconde partie du ballet de Thierry Malandain.

En première partie, le plateau est recouvert d’une structure de barres métalliques formant des cellules, disposées en un rectangle de 5 cases de côté et situées à un mètre de hauteur. Qu’est-ce ? une prison sans doute ! « Lui », on ne sait pas qui il est, on a le choix entre un migrant d’aujourd’hui, ou peut-être Oreste gardé par les Erinyes avant son procès puisque la seconde partie nous transporte dans la Grèce antique. Sur les cantates  des « Ruines d’Athènes », « Lui » tente de s’extraire de ce labyrinthe de cellules sans y parvenir. Les autres danseurs le rejoignent et puis s’en vont, reviennent. On ne sait pas trop qui est qui, entre, nous dit le programme, « Eux », « les Numineux » et « les Lumineux », chaque appellation devant s’entendre selon des deux genres. On s’enroule autour des barres, on s’infiltre en dessous, par-dessus, tout mouvement est d’une grande finesse, chaque geste est empreint d’une infinie légèreté. Tous sont revêtus d’une sorte de tunique gris foncé.

En seconde partie, sur « la Pastorale », la structure étant partie dans les cintres, le plateau est donc vide. Les vingt danseurs sont en tenue blanche, les lumières sont plus vives. C’est ici que le geste du danseur nous embarque vers la Grèce antique. On remarque toujours « Lui », mais sans que le danseur soit aussi dominant. L’ensemble fait songer à la liberté, au rêve, au subconscient, les lignes sont droites, puis les danseurs tendent à se rassembler, puis se déploient en cercles harmonieux. On remarque tout particulièrement le positionnement des mains, le travail des bras et jambes. Trois escargots géants traversent la scène, sans que j’en comprenne la signification.

Dans une dernière partie, les robes légères ayant disparu au profit de vêtements couleur chair, la structure métallique redescend, puis remonte. Les portés apparaissent, les vingt danseurs ont plus tendance à viser le groupe compact dans une envolée magistrale.

Un tonnerre d’applaudissements prolongés remercie les danseurs qui viendront saluer un par un. Le dernier, « Lui », est Hugo Loyer qui reçoit les plus chaleureux bravos. Dommage : Thierry Malandain n’est pas venu saluer pour cette dernière au Théâtre National de la Danse. Mais il prouve qu’il figure parmi les 4 ou 5 chorégraphes les plus imaginatifs et les plus créatifs de l’hexagone. La Compagnie part en Allemagne, puis en 2020, on devrait la voir dans tout le Sud-Ouest, en Espagne ensuite. Et la tournée continuera… du moins on espère !

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