lundi 19 août 2019

En taxi à travers le monde, la nuit...

Jim Jarmusch, dernier épisode de la rétrospective, avec ce film sorti en 1991, « Night on Earth », qui nous livre 5 histoires, sans aucun lien entre elles, si ce n’est que chacune se passe dans un taxi la nuit, respectivement à Los Angeles, New York, Paris, Rome et Helsinki.

Ces 5 courts métrages qui en font un long de plus de deux heures, ne sont pas scénarisés sur le même registre, on peut passer du gag hilarant à l’épisode raconté d’un drame familial. Bien sûr, on retrouve la patte de Jarmusch, lequel nous présente la ville pour débuter, avec plusieurs plans fixes descriptifs. Ensuite, tout est permis. Bien malin celui qui émettrait une préférence parmi les 5 histoires, tant elle sont diverses. Mais la façon de filmer, et surtout le talent des acteurs/actrices est formidable. Quelques mots pour chacun d’entre eux.

Los Angeles : à la sortie d’un aéroport, Jarmusch met face à face une jeune femme issue de la classe ouvrière, habillée en « djeun », mâchant chewing-gum et fumant clope sur clope, avec une directrice de casting de cinéma, laquelle propose à la jeune femme de devenir une star. Qui refuse, restant attachée à sa classe, son rêve étant de devenir mécano comme ses frères, et de fonder une famille. Excellente prestation de Winona Ryder dans le rôle de la conductrice de taxi.

New York : l’acteur américain Giancarlo Esposito, exceptionnel de drôlerie, cherche un taxi pour l’emmener à Brooklyn. Le seul qui s’arrête est conduit par un homme arrivé récemment d’Allemagne de l’Est, ne connaissant rien à la conduite d’un taxi, au point que c’est le passager qui prendra le volant. Lequel aperçoit sa belle-sœur dans la rue. S’ensuit une scène hilarante où le beau-frère embarque de force la belle sœur, le vocabulaire étant particulièrement fleuri. La belle-sœur est l’épatante Rosie Perez, présente dans le dernier Jarmusch, « The dead don’t die ».

Paris : un chauffeur de taxi, ivoirien, conduit deux autres noirs, diplomates, lesquels se paient la tête du chauffeur qui finit par les éjecter. La passagère suivante est une aveugle, rôle remarquablement interprété par Béatrice Dalle, exceptionnelle avec les yeux blancs, le regard de celle qui ressent tout, qui sait tout, qui comprend tout. Jarmusch s’amuse avec le jeu de mots : ivoirien, « y voit rien » et la passagère aveugle. Humour et émotion se mêlent à Paris.

Rome : Phénoménal numéro de clown de Roberto Benigni, déjà utilisé par Jarmusch dans « Down by law » deux ans auparavant. Grand numéro d’acteur donc, en chauffeur de taxi qui véhicule un curé que Benigni appelle évêque. Sa confession racontant ses exploits amoureux, d‘abord avec une citrouille, puis une chèvre, enfin sa propre belle-sœur, aura raison de l’ecclésiastique.

Helsinki : sous la neige, un taxi emporte trois ivrognes, dont l’un est totalement ivre, ses deux compagnons racontant au chauffeur les malheurs du troisième. Ce à quoi le chauffeur leur répond en évoquant sa petite fille, née grande prématurée et décédée au moment où lui et son épouse décident d’aimer l’enfant. Grand moment d’émotion pour finir avec un acteur fétiche des frères Kaurismäki, Matti Pellonpää.

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