L’année passée, j’écrivais à propos du réalisateur de « Tesnota, une vie à l’étroit », présenté à Cannes dans la section « un Certain Regard », Kantemir Balagov, « mais gageons qu’on en reparlera…tant son film apparaît comme une œuvre considérable ».
Cette année, il est revenu à Cannes avec son second long métrage, toujours dans la même section, avec « une Grand Fille ». Le Prix de la mise en scène qu’il a obtenu ainsi que le Prix Fipresci me donnent entièrement raison. Un grand cinéaste est né. Il n’a que 30 ans.
Nous sommes à Leningrad, peu après la fin de la deuxième guerre mondiale. Dans un hôpital, on soigne les blessés, nombreux. Parmi le personnel soignant, Iya est infirmière, blonde, de très grande de taille. Elle a un jeune enfant, lequel est à peu près la seule distraction des malades. On apprendra plus tard qu’il est en fait le fils de l’amie d’Iya, Masha, laquelle le lui avait confié durant la guerre. Il y a aussi le chef de service, plus tout jeune, mais encore capable de procréer.
Kantemir Balagov étudie avec minutie les aspects psychologiques des deux jeunes femmes chez lesquelles la guerre a laissé plus que des traces, et leurs rapports entre elles après le drame dont je tairai la teneur. Sur ce point, les face à face de ces deux femmes apparaissent avec une force inouïe, les deux visages reflétant des sentiments totalement contradictoires et fluctuants. Quant à la caméra de Balagov, elle s’attarde parfois sur des plans fixes, imprimant des moments de suspension au film.
Kantemir Balagov, au travers de son film, évoque des sujets sociétaux actuels : l’euthanasie quant un blessé qui ne marchera plus demande au médecin de mourir ; l’homosexualité féminine dont on sait comment elle est ressentie dans la Russie d’aujourd’hui ; et même la GPA puisque Masha qui ne pleut plus avoir d’enfant demande à son amie Iya d’en concevoir un pour elle.
Deux très grandes actrices aux deux visages reflétant les souffrances de la guerre, les problèmes des femmes d’hier et d’aujourd’hui, un beau film d’un jeune réalisateur en plein devenir… C’est cela « une Grande Fille », un beau et grand film !
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