Leçon d'ethnologie sur la banquise

Sébastien Betbéder nous revient avec son dernier long métrage, « Voyage au Groenland », dans la même veine que ses précédents films, « Deux automnes, trois hivers » et « Marie et les naufragés ».

Deux jeunes, vers la trentaine, intermittents du spectacle, l’un dans le cinéma, l’autre dans le théâtre, un peu paumés, plutôt figurants qu’autre chose, s’en vont dans un village Inuit, au Groenland, retrouver le père de l’un d’eux, qui vit, retiré là-bas, sans doute ses dernières années, étant cardiaque. Ils s’appellent tous deux, Thomas.

Incontestablement, c’est moins bon que ses deux précédents films. En fait, il ne se passe pas grand-chose, les quelques jours où ils resteront sur la banquise : chasse au phoque, distribution de crêpes aux villageois, tentative de drague vouée à l’échec, balade en traîneau… L’un gobe un œuf de phoque suite au dépeçage de la bête, on tue des ours (j’aurais pensé qu’il s’agissait d’une espèce protégée !), on se connecte bien difficilement au web pour déclarer ses heures d’intermittence pour en dix mois, boucler ses 507 heures (là-bas, on ne dispose pas de l’ADSL, encore moins du haut débit, on revient à la petite musique afin d’établir une connexion hypothétique).
Les deux Thomas nous racontent quelques anecdotes de leur vie d’artiste, souvent en voix off (le dada de Betbéder). On assiste à des dialogues ordinaires, mais toujours savoureux, souvent ponctués par des non-dits. On se chamaille entre les deux amis, puis on se réconcilie. Moment d’émotion forte lorsque les deux voyageurs repartent, le fils se demandant s’il reverra un jour son père vivant.

Ceci dit, les paysages blanchâtres aux maisons colorées sont somptueux. Leçon d’ethnologie assurée, avec ce groupe d’Inuits, rieurs et à la mine bien sympathique. C’est charmant, rafraîchissant à tous les sens du terme. Mais rien qui casse la baraque ! Betbéder peut assurément mieux faire...