lundi 28 décembre 2015

Aux confins de l'Amazonie...

Le réalisateur colombien Ciro Guerra nous propose « l’Étreinte du serpent », en espagnol « El abrazo de la serpiente », long métrage, tourné en Noir et Blanc, en plan large, en Amazonie.
Il a été présenté lors de la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes en 2015, où il a obtenu d’un jury international, le Prix Art Cinéma Award, prix décerné par la CICAE, laquelle aide à la diffusion de films d’auteur (Art et Essai) dans 2000 salles indépendantes dans le monde.

Deux scientifiques, un allemand et un américain, vont, à quelques dizaines d’années d’intervalle, s’enfoncer dans la jungle amazonienne à la recherche d’une plante médicinale, la Yakruna, le second sur les traces du premier, lequel n’est jamais revenu de son expédition, parmi des nuages de papillons, de serpents peu amicaux, jusqu’au jaguar qui rôde.

Pour cela, ils vont obtenir l’aide d’un « chaman » amazonien, le même pour chacun des deux, vivant seul au sein de la forêt, l’allemand étant secondé par un indigène vêtu à l’européenne, habit que lui reprochera le chaman car synonyme de soumission.
Tantôt naviguant le long d’un fleuve, tantôt s’éloignant dans la forêt, ils vont rencontrer des personnages, indigènes ou d’origine européenne, qui ont de quoi glacer le sang des spectateurs.
Il y a notamment ce missionnaire qui « éduque » des enfants orphelins, cet autre qui se prend pour Jésus à la tête d’une secte, cet autre encore qui a perdu un bras et qui implore qu’on le tue, ou ce village attaqué par les « Colombiens » et que les habitants fuient à la nage… Certes, à la fin du film, ça fait quand même beaucoup.

Mais ce qui transparaît dans le film, en filigrane, c’est bien évidemment l’impérialisme des nations dites civilisées, les « Blancs » venant détruire la civilisation amazonienne en important, qui leur religion, qui leur besoin en caoutchouc, qui leurs fusils, qui leurs vêtements… Le chaman, seul survivant de son peuple après des massacres de masse, accuse !

Quant au serpent qui étreint, c’est peut-être le dieu du chaman, mais aussi le Blanc, ou la mémoire perdue du chaman, ou le colonialisme qui détruit peu à peu cette forêt au cœur de l’Amérique du sud.

Les paysages sont grandioses, le N&B ajoutant quelque chose de majestueux que la couleur n’aurait sans doute pas apporté. L’interprétation des personnages est elle aussi somptueuse, notamment celle du chaman jeune.

Un film à voir, et à mon avis, le film à voir absolument !

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