samedi 17 mai 2014

La chambre bleue

La Chambre bleue, de Mathieu Amalric, est un film étrange.
D’abord par sa durée inhabituelle : 1 heure 15, c’est court. Mais point de longueurs, chaque séquence est propre, a son importance et sa place dans le récit. Amalric n’a pas fait de remplissage, pas de rajout inutile. C’est rare, en ce sens, c’est évidemment positif !

Tiré du roman éponyme de George Simenon, c’est donc un polar, avec tous les ingrédients : amants diaboliques (mais le sont-ils ?), meurtres, policiers, juge d’instruction, avocats et cour d’assises.
D’emblée, le film nous montre les amants dans la chambre bleue d’un hôtel, mais par bribes, gros plans, tantôt un bras, une partie du visage, une jambe, un enlacement, des propos susurrés, comme si Amalric voulait inciter le spectateur à regarder par le trou de la serrure. D’ailleurs, la suite sera à l’identique : tantôt devant le policier, retour à sa vie de famille, puis passage devant le juge, puis subitement un flash nous montre une jambe de sa maîtresse.

Mathieu Amalric, dans le rôle de Julien, écartelé entre son épouse et sa fille d’une part, et Esther (l’aime-t-il vraiment ?) d’autre part, est remarquable : son visage se décompose au fur et à mesure où les mailles du filet se resserrent : sa seule révolte se situera dans le bureau du juge. Par la suite, vaincu, sans réaction, face au regard méprisant d’Esther, il capitule.
Certes, l'histoire n'est pas crédible. Mais tout le film repose sur l'évolution psychologique de Lucien. Du grand art !

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