dimanche 21 mai 2017

Une merveille familiale

On connaît le cinéma de Kore-Eda, ancré dans la vie familiale, avec « Notre petite sœur » et « Tel père, tel fils », films où à partir d’un évènement perturbateur, ici un décès, là un coup de téléphone, il dissèque les rapports familiaux à la loupe, sans excès, et avec une très grande exigence de vérité.

Après avoir vu deux fois « Après la tempête » du japonais Hirokazu Kore-Eda, mon opinion est faite : il s’agit bien d’une petite merveille cinématographique, sans sexe, sans violence, sans drame, rien que la vie ordinaire d’une famille comme tant d’autres !

Le cinéaste a réuni les ingrédients familiaux : une grand-mère dont le mari est mort récemment, sa fille, Ryota son fils divorcé qui est en fait le personnage principal du film, Kyoko l’ex-épouse de Ryota, enfin l’enfant de Ryota et Kyoko âgé d’une douzaine d’années.

Ryota est (ou était) écrivain, mais il ne semble plus guère écrire et s’est reconverti dans une agence de détectives privés, ce qui lui permet de surveiller son ex, et de se livrer à quelques magouilles financières. Jouant aux courses, il perd beaucoup et s’avère incapable de payer la pension alimentaire à la mère de son fils qu’il ne voit donc que rarement. Les circonstances font, qu’un soir, sont réunis chez la grand-mère, Ryota, Kyoko et leur fils, alors qu’un typhon balaie tout sur son passage.

Outre la situation familiale très courante aujourd’hui, le film se distingue par la qualité des dialogues : on s’interroge sur le passé et le futur qui n’est pas la plupart du temps, ce qu’on aurait espéré, l’un d’eux déclarant : « Tout le monde ne peut pas devenir ce qu’il pensait être » (1). C’est précisément le cas de Ryota qui a, la quarantaine, à peu près totalement raté sa vie.

Deux actrices pointent au sublime, d’abord dans le rôle de la grand-mère, Kirin Kiki déjà délicieuse dans « les Délices de Tokyo » de Naomi Kawase, et Yoko Maki dans le rôle de l’ex-épouse, déjà vue elle aussi dans « Tel Père, tel fils ». Enfin, Hiroshi Abe, le père qui voudrait voir son fils plus souvent, remarquable de sincérité.

(1) « Je me demande pourquoi les hommes ne peuvent pas aimer le présent. Ils passent leur temps soit à courir après ce qu’ils ont perdu, soit à rêver de choses inaccessibles. Du coup, ils ne savent pas trouver leur bonheur quotidien ». (La grand-mère à son fils).

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