Un conte où tout n'est qu'esquisse

Sébastien Laudenbach a présenté lors du dernier festival de Cannes, dans la section parallèle ACID *, « la Jeune Fille sans mains », film d’animation, tiré d’un conte de Grimm et revu par Olivier Py dans la pièce qu’on trouve souvent dans les bibliothèques d’école, « la jeune Fille, le diable et le moulin » et lue par quantité d’élèves.

L’histoire, relativement connue depuis que l’actuel directeur du Festival d’Avignon s’est emparée de l’affaire, est assez simple : un diable offre un pont d’or à un pauvre meunier en échange de sa fille, laquelle n’est pas du genre à se laisser manipuler. Elle en perdra néanmoins ses mains, et tout au long de ce qu’on appelle aujourd’hui un road movie, par delà le fond de la rivière, le sommet de la montagne et une nouvelle mouture du jardin d’éden, rencontrera un prince avec lequel elle aura un enfant. Le prince parti à la guerre, le diable tente de reprendre son dû, mais devant la volonté farouche de la donzelle, finit par jeter l’éponge !

Le dessin de Sébastien Laudenbach peut surprendre, tant il diffère totalement de ce qu’on a l’habitude de voir venant de Pixar et d’autres. Le trait est grossier, les silhouettes apparaissent et s’estompent, se déforment pour mieux reprendre leur aspect primitif ; tout n’est qu’esquisse, rien n’est figé, inondé par une aquarelle de couleurs. En ce sens, le film de Laudenbach fait œuvre de poésie picturale, presque impressionniste, aidé en cela par la très belle musique d’Olivier Mellano, tout en finesse.

* L’ACID, Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion, est une association de cinéastes qui depuis 1992 soutient la diffusion en salles de films indépendants et œuvre à la rencontre entre ces films, leurs auteurs et le public. Afin d’offrir une vitrine aux jeunes talents, l’ACID est présente depuis 1993 au Festival de Cannes avec une programmation parallèle de 9 films pour la plupart sans distributeur. Il n’y a pas de prix décernés à l’issue du Festival.