dimanche 1 janvier 2017

Rêver de Belphégor...

Nos amis cinéastes transalpins semblent avoir une relation toute particulière avec le thème de la mort de la mère. En 2015, Nanni Moretti présentait à Cannes, « Mia Madre », film dans lequel deux adultes, un frère et une sœur, assistaient au lent déclin de leur mère, jusqu’à la mort. Mon coup de cœur de cinéphile alors !

En 2016, Marco Bellocchio, un des derniers dinosaures du cinéma italien de la seconde moitié du XXème siècle, présente « Fais de beaux rêves » dans la Quinzaine des réalisateurs.  Massimo, la trentaine passée, revient dans la maison de son enfance. Souvenirs entremêlés de la mort de sa mère quand il avait neuf ans, de son adolescence, et d’épisodes de son métier de journaliste à la Stampa.

Il porte en lui comme un fardeau, la mort de sa mère, une nuit lorsqu’il fut réveillé par un cri déchirant. Interdit de la voir morte, on lui cache la vérité sur le drame qui s’est joué. L’enfant acteur, sous la direction de Bellocchio, surjoue dans le registre adulte, rejetant tout sur son passage, la mort de sa mère, le discours du curé, et provoquant son propre père. Sa mère, il la voit sous les traits de Belphégor, série télévisée qu’il regardait avec elle, effrayés tous deux par le fantôme du Louvre. Image qui le poursuivra des années durant.

Bellocchio traite les thèmes qui lui sont chers à travers divers épisodes de la vie de Massimo, le caractère hideux de la bourgeoisie (deux scènes particulièrement fortes, les relations entre un ado et sa mère, ou le suicide d’un aventurier du jeu), celui de la guerre et de ses dérives journalistiques. La même scène de danse endiablée, on la retrouve au début entre l’enfant et sa mère, et à la fin entre lui-même et sa future compagne Elisa, sous les traits de Bérénice Béjo, qui lui murmure sur l’oreiller : « Laisse-la partir ». Est-ce la femme qui dans son subconscient va la remplacer ? Elle aurait pu ajouter, tout comme la mère de Massimo, le dernier soir : « Fais de beaux rêves ! ».

Tout au long du film, Bellocchio distille avec malice, quelques indices qui pourraient mettre le spectateur sur la voie de la vérité, concernant le drame initial, c’est la mort de Belphégor, c’est le plongeon d’Elisa dans la piscine, c’est le buste de Napoléon que jette Massimo par la fenêtre… Zut, j’en ai trop dit !

Belle interprétation de Valerio Mastandrea dans le rôle de Massimo adulte, montage parfois un peu confus avec les flashbacks pas toujours évidents. Enfin, ce long couloir dans l’appartement de l’enfance de Massimo, filmé en plan fixe, où les portes ne s’ouvrent pas symbolisant les blocages psychologiques de l’enfant, plus tard adulte. Bon, Marco Bellocchio est toujours une figure majeure du cinéma transalpin, pour notre bonheur !

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